Covid-19 et sports équestres : prise d’otage en cours

Entre les mesures de confinement et la fermeture administrative des établissements équestres, la filière équine fait face au Covid-19 d’une manière particulièrement compliquée.

La fermeture administrative des établissements équestres dans l’urgence a causé des difficultés financières colossales, ces établissements étant dans l’obligation de travailler sans rentrées financières. Les propriétaires de chevaux se sont retrouvés, du jour au lendemain, dans l’impossibilité d’accéder à leurs chevaux, là où d’autres pratiquants européens se sont retrouvés face à une simple interdiction de pratiquer l’équitation. L’interdiction des regroupements a entrainé l’annulation des concours équestres y compris des circuits professionnels, mettant les cavaliers professionnels à l’arrêt et sans date de reprise.

Au cœur de ce désarroi, le caractère multi-facette des activités équestres. En effet, alors que les activités équestres sont principalement agricoles, tel qu’il ressort de l’article L.311-1 du Code rural et de la pêche maritime, elles revêtent également une dimension administrative, commerciale et sportive nécessitant l’application d’autres corps de textes, souvent inadaptés

Aujourd’hui, en pleine crise de Covid-19, la filière des sports équestres subit une véritable prise d’otage.

Dès le 17 mars, l’annonce de la Fédération Française d’Equitation interdisant l’accès des propriétaires aux chevaux placés en pension a perturbé le fonctionnement normal de millions d’écuries de propriétaires françaises. En cause, l’application de ce statut d’Etablissement Recevant du Public issu du Code de la construction et de l’habitation à tout établissement équestre pouvant accueillir du public, allant du centre équestre au pré.

Face au désarroi des établissements équestres et de leurs clients, un seul slogan fédéral « Restez chez vous, vos clubs s’occupent d’eux. »

Puis, après des semaines de silence, dissimulé au sein d’une récente communication fédérale et gouvernementale, nous avons appris que l’accompagnement financier pour l’alimentation et les soins prodigués aux animaux, porté par le Ministère de l’Agriculture, avait été adopté pour les parcs zoologiques, cirques et refuges dès le 17 avril. Il a fallu pourtant attendre le 24 avril pour que cet accompagnement soit étendu aux centres équestres et poneys clubs connaissant des difficultés financières en raison de leur fermeture administrative.

Sans remettre en cause l’importance de cette nouvelle aide financière pour les centres équestres et les poneys clubs, l’on s’interroge sur les raisons justifiant que des aides aient été attribuées en priorité aux zoos, cirques et refuges par rapport aux établissements équestres, surtout lorsque l’on rappelle le mouvement général tendant vers une interdiction générale des cirques avec des animaux vivants, porté notamment par la ville de Paris.

Puis, le 23 avril 2020, le Ministre de l’Agriculture publia, sur son compte Twitter, avoir « obtenu » le droit pour les propriétaires de visiter leurs chevaux au sein des centres équestres à partir du 24 avril, sans davantage de précisions. Surprise générale, non seulement pour les propriétaires de chevaux et les établissements équestres mais aussi pour la FFE qui s’est empressée de rappelé rapidement la fermeture administrative des établissements équestres sur les réseaux sociaux, ainsi que la nécessité d’apporter des précisions complémentaires.

Et pendant que la FFE, le Ministère de l’Agriculture et le Ministère des Sports se bagarrent, les sociétés mères des courses hippiques annoncent une possible reprise des courses au 11 mai, à huis clos, avec un véritable plan de relance de l’activité sur cette année 2020.

En revanche, les concours équestres sont annulés et reportés de manière indéterminée, sans aucune visibilité ou transparence, mettant en danger non seulement les activités des clubs et des centres équestres mais également toutes les activités d’élevage, de commercialisation de chevaux de sport, de pratique sportive professionnelle et d’organisation d’événements sportifs.

Comment expliquer une telle différence de stratégie au sein d’une même filière ? Serge Lecomte, président de la FFE, a récemment déclaré dans un article récent sur LeCheval.fr, « les courses ont été négocier directement à Bercy des solutions pour eux ». Pourtant, la filière hippique est toute aussi multi-facette que la filière des sports équestres avec des enjeux agricoles, sportifs et commerciaux. 

Quelle stratégie de sortie pour les sports équestres ? Devra-t-elle envisager une reprise des activités agricoles et commerciales, quitte à accepter une année blanche sur le plan sportif ?

La filière équine saura-t-elle réparer les fissures causées par cette période de confinement et se relever suffisamment pour faire face aux défis de demain ?

Responsabilités sur le cross – les entraînements libres sur terrains de cross loués

Nous sommes nombreux à louer des terrains de cross ou des spring garden afin d’entraîner les chevaux sur les obstacles de cross. Ces entraînements peuvent avoir lieu dans le cadre d’un coaching collectif, individuel ou même en solitaire selon les envies, l’expérience et les attentes de chaque cavalier. 

A chaque entraînement de cross, plusieurs acteurs interviennent entre le loueur du terrain de cross, le coach, les accompagnateurs et les cavaliers mais qui plus exactement est responsable et de quoi ?

Le loueur du terrain de cross est responsable de l’entretien de son terrain et de la sécurité des obstacles de cross présents sur le terrain. 

En effet, le loueur du terrain de cross ou même du spring garden est responsable des installations mises à disposition du cavalier, de la même manière qu’une structure équestre mettant à disposition une carrière est responsable de l’entretien des sols et des lices.

Ainsi, le loueur du terrain de cross doit effectuer des vérifications régulières sur l’état de cross et à tout le moins avant chaque location. Ces vérifications doivent comprendre a minima l’état des sols (détection d’anomalies, présence de trous, de cailloux…), l’état des obstacles (obstacles abîmés, dangereux) ainsi que la sécurité des tracés (présence d’arbres tombés…).

La responsabilité du loueur de terrain sur l’état des obstacles sera d’autant plus importante s’il est également constructeur des obstacles.

La présence d’un cavalier professionnel ou d’un coach professionnel encadrant des amateurs peut toutefois alléger la responsabilité du loueur du terrain de cross.

En effet, les cavaliers professionnels ou coachs professionnels sont également responsables de la vérification de l’installation de cross mise à disposition.

Ces professionnels sont censés avoir les connaissances suffisantes leur permettant de ne pas utiliser les installations ou franchir certains obstacles s’ils ne présentent pas les garanties de sécurité requises.

A titre d’exemple, un cavalier professionnel de complet qui franchit des obstacles abîmes sur un sol trop dur ou en présence de trous dangereux pourrait difficilement se retourner contre le loueur du terrain de cross, les tribunaux pourraient considérer que le cavalier avait utilisé les installations en toute connaissance de cause.

Le coach professionnel est également responsable de la sécurité de ses élèves sur le terrain de cross. Une responsabilité qui va au-delà de la simple vérification des obstacles et des tracés mais qui comprend également l’adaptation de l’entraînement au niveau d’équitation de ses élèves et à l’expérience des chevaux utilisés.

Il s’agit d’une obligation de prise en charge qui s’applique peu importe le niveau d’équitation du cavalier et pourrait même s’appliquer aux cavaliers professionnels encadrés par un coach dans certains cas.

En revanche, la responsabilité du loueur du terrain de cross sera plus lourde dans le cas de figureoù un cavalier amateur utiliserait les installations sans accompagnateur, celui-ci n’étant pas nécessairement apte à adapter son entraînement à son niveau d’équitation et à l’expérience de son cheval sur le terrain de cross.

C’est pourquoi, il est fortement recommandé aux loueurs de terrains de cross de prendre les précautions suivantes :

  • Entretien régulier des installations de cross ;
  • Rappel du port des protections cheval et cavalier ;
  • Signature d’une décharge de responsabilité, surtout pour les cavaliers amateurs souhaitant faire des entraînements solitaires.
  • Obtention de l’autorisation des parents en cas d’utilisation des installations de cross par un cavalier mineur, peu importe son niveau d’équitation.
  • Limiter l’accès aux installations selon le niveau d’équitation requis ; exigence d’un coach professionnel pour des cavaliers amateurs et mineurs.
  •  Construire les obstacles de cross en se basant sur des recommandations professionnelles ainsi que les normes régulièrement mises à jour par la FEI pour les terrains à vocation d’entraînement professionnel.
  • S’assurer d’avoir mis en place une responsabilité civile professionnelle comprenant la location et mise à disposition d’un terrain de cross. 
  • Les plus précautionneux pourront même aller jusqu’à rédiger un règlement d’utilisation du terrain de cross comprenant un rappel des règles de sécurité et d’utilisation ainsi qu’une décharge de responsabilité.

A noter toutefois que le coach professionnel reste le principal garant de la sécurité de ses élèves sur les installations et pourraient difficilement exclure sa responsabilité par une décharge. Il doit chercher à limiter sa responsabilité en s’assurant de la sécurité des installations et l’adaptation de la séance aux élèves et montures.

Attention enfin pour les professionnels accompagnant des cavaliers amateurs en entraînement solitaire, par exemple en tant qu’ami ou groom ponctuel, qui omettraient de pointer certaines difficultés. Vous pourriez tomber sous la qualification de coach professionnel et voir votre responsabilité engagée en cas d’accident.

Ces règles de responsabilité s’appliquent exclusivement aux cas de mise à disposition autorisée, qu’elle soit payante ou gratuite. Une personne utilisant des installations de cross sans avoir obtenu une autorisation préalable du loueur reste exclusivement responsable de lui-même et de son cheval.